Artistes

Carolina Caycedo

Carolina Caycedo (née à Londres, Royaume-Uni ; vit à Los Angeles, États-Unis) examine les interrelations entre l’humain et la nature sous l’angle du développement durable, de l’accès aux ressources et de l’équité économique et culturelle. Sa pratique artistique multidisciplinaire se conjugue à un engagement militant qui œuvre à dénoncer les injustices sociales et environnementales. À travers des projets à échelle humaine qui privilégient le travail collectif et recourent à une approche décoloniale, l’artiste contribue à mettre en place des relations bienveillantes et à créer des sites de résistances où se forgent des futurs solidaires.

Né.e
Londres, Royaume-Uni
Pays / Nations
Royaume-Unis / États-Unis
Vit
Los Angeles, États-Unis
Site Web
carolinacaycedo.com

Œuvres

Futurs ruisselants

Avec la série Water Portraits, Caycedo s’attarde au motif de l’eau, à la fois un objet de convoitise du capitalisme néolibéral et une entité politique à part entière. Les œuvres – des impressions textiles grand format – se présentent comme les portraits abstraits de cours d’eau variés. Tirées d’un corpus photographique de chutes et de rivières, les images brouillées ou fragmentées prennent soudainement l’aspect de paysages kaléidoscopiques, Caycedo s’inspirant des hallucinations visuelles expérimentées lors de certaines pratiques curatives issues de la médecine traditionnelle autochtone. La diffraction de l’image reflète ici l’effacement culturel dont sont victimes les communautés autochtones, noires et riveraines. Cette décolonisation du regard à laquelle nous invite l’artiste appelle à renverser une conception eurocentrique et patriarcale du paysage comme objet lascif de contemplation et à mettre en cause notre rapport consumériste envers la nature. Ondoyants dans la galerie, tels d’immenses fleuves tranquilles, Wanaawna et Wanaawna Meets Salty Waters donnent vie au cours d’eau du même nom. À la fois enveloppantes et protectrices, les draperies invitent à une relation corporelle avec l’espace qu’elles inondent de leurs présences, le potentiel performatif du tissu faisant écho à celui de la rivière. S’appuyant sur la dimension féministe de l’artisanat et ses rapports intimistes au corps créateur, Caycedo joue de la malléabilité de l’étoffe chamarrée pour déjouer la rigidité attendue de la toile. Comme son nom l’indique, Water Portraits propose d’appréhender les eaux non plus comme une ressource passive assujettie à la déferlante extractiviste, mais comme une figure de résistance détentrice d’une identité et d’une voix qui lui sont propres.