Artistes

Jen Bervin

Jen Bervin (née à Dubuque, États-Unis ; vit à Guilford, États-Unis) engage l’œil, la main, l’oreille et l’esprit dans l’exploration des croisements entre le texte et la fibre. Conjuguant l’artisanat et les technologies de pointe, ses œuvres résultent d’investigations conceptuelles, scientifiques et poétiques de la matière. Dialoguant avec et à travers les matériaux, ses projets prennent la forme de poèmes, de livres d’artiste, de vidéos et d’installations qui mettent en scène des formes incarnées du langage et des qualités tactiles propres au textile.

Né.e
Dubuque, États-Unis
Pays / Nations
États-Unis
Vit
Guilford, États-Unis
Site Web
jenbervin.com

Œuvres

Futurs ruisselants

Avec le livre d’artiste The Sea, Bervin donne à voir un paysage océanique argenté soigneusement tissé sur des reproductions des pages du livre The Opal Sea (1906) de John C. Van Dyke, un écrivain étatsunien qui s’est intéressé aux particularités sensorielles et perceptuelles de la nature. Ayant pour sujet la mer et sa splendeur, cette vaste étude centenaire aborde la figure de l’océan en tant qu’être énigmatique et multiple. À l’instar d’une agglomération d’étoiles liées entre elles par la gravité, la constellation de points zigzags opalins cousue par Bervin illumine la prose de Van Dyke tout en la voilant partiellement. Les fragments textuels laissés lisibles par l’artiste émergent de ce relief sous-marin, formulant de nouveaux poèmes au contact des fils métalliques. Avec attention et patience, le regard s’efforce de trouver les mots, souvent noyés derrière les ondulations argentées. Le texte et le textile se rencontrent ici dans ce que l’artiste appelle une « zone de contact », un terme employé par la philosophe féministe Donna Haraway pour définir cet espace où les êtres et les choses se constituent dans et par leurs relations. Un écosystème à part entière se déploie au fil des interactions entre les mots et les fibres. The Sea propose une façon incarnée de naviguer l’écrit et fait écho au processus même de décodage propre à l’acte de lecture. Jaillissant du paysage tissé, les mots apparaissent comme à la surface d’une eau trouble, sibylline. Les poèmes ainsi nés d’un procédé de soustraction offrent autant de prises sensibles pour approcher le réel, portant en eux de nouvelles pistes pour vivre la mer.