Artistes

Miriam Simun

Miriam Simun (née à Silicon Valley, États-Unis ; vit à Lisbonne, Portugal, et à New York, États-Unis) s’intéresse aux rencontres entre les corps, humains et non humains, et les technoécosystèmes, c’est-à-dire les écosystèmes issus des technologies de pointe et des économies de marché mondiales ayant de vastes impacts écologiques. Son travail prend la forme de performances, de vidéos ou d’installations polysensorielles où l’hybridité et l’assemblage servent d’ancrage pour penser un futur transhumaniste. Ses œuvres s’articulent souvent autour de l’idée de perturbation et des ressentis qui l’accompagnent, afin de proposer de nouvelles manières d’être en réponse aux enjeux sociaux, technologiques et environnementaux qui définissent notre époque.

Né.e
Silicon Valley, États-Unis
Pays / Nations
États-Unis / États-Unis + Portugal
Vit
Lisbonne, Portugal / New York, États-Unis

Œuvres

De la terre

Avec l’installation A Wet Chemical Trace, Simun nous transporte dans un jardin-laboratoire hybride où s’enchevêtrent science et fiction pour donner vie à une flore étrange. Éparses dans la galerie, des tubulures de silicone pendent mollement de structures métalliques, reliant entre elles des fioles de verre desquelles s’échappe une vapeur humide. Des ampoules incandescentes ponctuent ici et là ces échafaudages mi-organiques, mi-industriels. Abreuvées goutte à goutte par la moiteur suintant de ces assemblages, des plantes posées au sol viennent à la fois clore et entamer ces échanges, dégageant à leur tour dans l’espace de l’oxygène. Issue d’un travail collaboratif échelonné sur trois ans avec des botanistes, des parfumeur·euse·s, des chimistes et des biologistes, l’œuvre de Simun met en scène la trajectoire postvégétale de l’Agalinis acuta, une fleur en voie d’extinction dont le parfum est imperceptible pour l’espèce humaine. L’artiste a capturé, avec l’aide de la compagnie International Flavors & Fragrances Inc., les essences de la fleur sous forme de données chimiques afin d’en produire une version synthétique détectable par l’odorat. Une fois insérées dans l’eau des fioles, les infimes particules olfactives aromatisées sont poussées par des humidificateurs dans les tubes puis propulsées dans l’air, pénétrant ultimement notre système respiratoire. Faisant écho à cette contamination du corps par la fleur, les éléments anthropomorphes et technologiques qui caractérisent l’esthétique de A Wet Chemical Trace témoignent de la porosité indéniable qui existe entre les êtres humains, les végétaux et la science et, plus largement, entre nature et culture.