Artistes

Léuli Eshrāghi

Léuli Eshrāghi (Sāmoa, né⋅e en pays Yuwi, Australie ; vit à Mparntwe / Alice Springs, Australie, et à Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal, Canada) se passionne pour les langues, les histoires et les formes de savoirs discréditées par le colonialisme et le « militourisme » – un néologisme désignant les rapports pernicieux de réciprocité entre les industries militaires et touristiques, l’une assurant la pérennité et la légitimité de l’autre au détriment des corps des insulaires autochtones et des autres personnes racisées qu’elles persistent à appréhender comme étant des espaces à coloniser. Croisant performance, vidéo, animation, écriture et installation, Eshrāghi actualise les futurités en les réinvestissant de plaisirs et d’identités autochtones. Ses projets visent, entre autres, à redonner voix aux personnes marginalisées telles que les fa’afafine/fa’atama (personnes qui s’identifient comme appartenant à un troisième, voire à un quatrième genre, ou ayant un rôle non binaire dans la culture samoane) et à guérir les corps autochtones, y compris le sien.

Né.e
pays Yuwi, Australie
Pays / Nations
Sāmoa, pays Yuwi, Australie / Canada
Vit
Mparntwe / Alice Springs, Australie et Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal, Canada
Site Web
leulieshraghi.art

Œuvres

Léuli Eshrāghi : La fin est toujours le début d’autre chose

Avec l’installation re(cul)naissance, Eshrāghi met en scène Fe’e, le dieu-pieuvre de la guerre dans la mythologie samoane. Il apparait ici sous la forme d’une installation textile constituée de pans de tissus iridescents sur lesquels ont été imprimés des motifs ancestraux et contemporains. Tels les tentacules de la divinité, les tentures pendent du plafond au-dessus d’un nénuphar doré et d’un anneau en néon bleu diffusant sa lueur auréolée vers le ciel. Au mur, des lettres de néon éclairent des mots en français et en samoan. Enfin, une vidéo où l’on voit quatre personnes s’effleurant et se caressant mutuellement, performant des gestes empreints de douceur et de tendresse, vient compléter l’installation. re(cul)naissance s’articule autour d’une cérémonie où s’entrelacent humaines, animaux et nature, afin de célébrer les affinités autochtones et la pluralité des genres, des sexualités et des plaisirs qu’elles portent. En restaurant ces relations privilégiées avec l’eau, la terre, la lumière, les corps et toutes les entités vivantes et non vivantes (réelles ou imaginaires) qui peuplent le monde, Eshrāghi honore des savoirs, des pratiques et des identités opprimés par le colonialisme et sa vision extractiviste. Alors que l’œuvre joue sur cette idée de renaissance, l’artiste propose de nouvelles avenues sensibles pour aborder l’avenir des personnes fa’afafine, fa’atama, queers, trans, non binaires et autres, auxquelles on a violemment retiré les rôles clés dans la vie intellectuelle et culturelle d’une multiplicité de systèmes de parenté autochtones.