Le projet botanist met en scène l’acte anodin du jardinage pour interroger les rapports de domestication qu’entretiennent les humain·e·s envers la nature. Un petit personnage velu arrose, du haut de son escabeau, une marguerite assoiffée d’une pluie de cœurs. En arrière-plan, d’autres fleurs se balancent doucement de droite à gauche, un visage heureux ponctuant leur corolle. La petite figure anthropomorphe rondouillarde, que l’on retrouve d’ailleurs dans plusieurs autres projets numériques de l’artiste, s’échine au sein de la pépinière virtuelle plutôt bien vivante, nous livrant le secret de cette réussite horticole évidente : l’amour. Dans son costume rouge velouté rappelant le fin duvet d’une feuille ou les poils touffus d’une chenille, le personnage devient partie prenante de l’écosystème qu’il nourrit. De manière badine et ironique, McKoy met en lumière le contrôle que l’on opère sur la nature à travers cet entretien jaloux des espaces verts, alors qu’on veille à ce que chaque centimètre soit étroitement régenté pour le plaisir de nos yeux. Emblématique de sa pratique, botanist allie les techniques du collage et de la perspective forcée pour composer un décor onirique et fantaisiste. Ce travail sur l’image assemblée permet à l’artiste de dessiner les contours d’une esthétique qui lui est propre, à la fois futuriste et archaïque, réaliste et dystopique, technologique et artisanale. Avec botanist, McKoy cristallise l’espace d’un court moment les temporalités, les espaces et les concepts de nature / culture, jouant avec les paradoxes qui émergent de la notion de jardin.