Artistes

New Red Order

Adam Khalil (Ojibway, né aux États-Serpents ; vit à New York et à Copenhague, Danemark), Zack Khalil (Ojibway, né à Newton, États-Unis ; vit à New York, États-Unis), Kite (Oglála Lakȟóta, née à Sylmar, États-Unis ; vit à Montréal, Canada, ainsi qu’à Tulsa, États-Unis) et Jackson Polys (Tlingit, né à Kichx̱áan; vit à New York, États-Unis) s’unissent dans cette configuration de New Red Order, une société secrète publique qui se penche de manière critique et humoristique sur les désirs d’autochtonie et sur l’impératif « d’authenticité » qui repose souvent sur les personnes s’identifiant comme autochtones. NRO s’intéresse à l’attrait que suscitent les épistémologies autochtones et aux manières dont les colonisateur·trice·s cherchent à se les approprier, de façon intentionnelle ou non. À travers des projets interdisciplinaires, NRO s’emploie à déstabiliser ces attitudes coloniales et à déployer l’agentivité autochtone.

Pays / Nations
Ojibway, États-Serpents / Ojibway, États-Unis / Oglála Lakhčóta, États-Unis / Tlingit, États-Unis

Œuvres

New Red Order : Les derniers des Lémuriens

Avec l’installation vidéo Les derniers des Lémuriens, NRO prend pour sujet le mythe de la Lémurie, soit l’idée qu’un continent englouti situé dans l’océan Indien aurait été le berceau de l’humanité et les Lémurien·ne·s, le peuple originel. Plusieurs théories liées au suprémacisme blanc y sont ancrées, notamment celle des « races racines » imaginée par la théosophe russe Helena Blavatsky (1831-1891), qui inventa une hiérarchie des races et promut la doctrine aryenne. S’inspirant de croyances lémuriennes nouvel âge édifiées sur le concept de Blavatsky, NRO propose une contrelecture de ces fictions racistes. Les derniers des Lémuriens s’articule autour de deux formations géologiques qui font chacune l’objet de légende : le mont Shasta, volcan californien qui abriterait une ville secrète habitée par des êtres supérieurs blonds provenant du continent perdu, et l’ile hawaïenne de Kauai, supposée être une ancienne capitale lémurienne. L’œuvre recourt symboliquement à deux matières connectées aux géographies, soit la lave, matière destructrice à l’état liquide et porteuse de vie à l’état solide, et le cristal, objet synonyme de pureté qui, sous la forme liquide, a la capacité de s’écouler comme l’eau mais aussi de se réfracter comme la glace. NRO métaphorise la dimension mouvante, parfois toxique, des récits historiques et leur cristallisation dans l’imaginaire collectif. Hybridation de l’autochtone et de l’extraterrestre, Les derniers des Lémuriens se joue des désirs coloniaux pour proposer une alternative à la romantisation de l’autochtonie. Ici, la fluidité des matières fait écho à la métamorphose salvatrice des phénomènes d’exotisation en une multitude de relations de réciprocité.