Artistes

Scott Benesiinaabandan

Scott Benesiinaabandan (Anishinaabe, né à Winnipeg, Canada ; vit à Winnipeg et à Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal, Canada) s’intéresse aux technologies et aux échanges qu’elles permettent entre tradition et contemporanéité. L’artiste emploie notamment la photographie, l’art sonore, la vidéo et la réalité virtuelle, s’attardant dans des œuvres poétiques et engagées à valoriser les cultures et les savoirs autochtones tout en déboulonnant les héritages du colonialisme. Ses plus récents projets explorent les croisements entre l’intelligence artificielle et l’anishinaabemowin, l’une des plus anciennes langues autochtones d’Amérique du Nord.

Né.e
Winnipeg, Canada
Pays / Nations
Anishinaabe, Canada
Vit
Winnipeg et Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal, Canada
Site Web
benesiinaabandan.com

Œuvres

Cristaux liquides

Avec le projet sun.cedar.sky.sage, Benesiinaabandan converse avec l’histoire à travers une mise en scène critique du pouvoir symbolique des monuments commémoratifs. Au cœur de la Place d’Armes dans le Vieux-Montréal, l’installation se déploie autour du Monument à Maisonneuve, une statue coloniale érigée en mémoire du « fondateur » de Montréal, Paul de Chomedey de Maisonneuve, et ponctuée de références problématiques aux peuples autochtones et à leur histoire. Empruntant le style graphique de symboles anciens de l’anishinaabemowin voués à la mémorisation de récits complexes, quatre sculptures gigantesques évoquent chacune un oiseau vibrant de couleur. Initialement inspirées des mots giizis, giishik et giishig – soleil (sun), cèdre (cedar) et ciel (sky) en anishinaabemowin –, les couleurs monochromes choisies par l’artiste permettent, une fois conjuguées à l’échelle monumentale du volatile, d’offrir une contrelecture polysémique du site. L’artiste puise dans sa propre identité anishinaabe l’inspiration pour ces sculptures, le mot binesi signifiant « oiseau-tonnerre ». Les icônes virtuelles transcendent ici le sens des mots pour se faire les dépositaires des histoires écrasées sous le poids des monuments coloniaux. En ajoutant au site des motifs autochtones encore plus imposants que le monument lui-même, Benesiinaabandan réhabilite ce lieu de mémoire et subvertit le dispositif de monstration colonial. Chaque icône agit comme un contenant mnémonique, porteuse de récits rattachant l’être humain au lieu, lequel s’inscrit parallèlement au sein d’histoires et d’imaginaires collectifs plus vastes. Persistant ainsi hors d’un espace-temps linéaire et d’une rhétorique coloniale, ces êtres virtuels deviennent les manifestations de présences pourtant bien réelles qui ont toujours été là. À partir de l’ontologie anishinaabe, sun.cedar.sky.sage réinvestit la place publique des vies, des histoires et des voix autrement réduites dans ce Monument à Maisonneuve.