Artistes

Susanne M. Winterling

Susanne M. Winterling (née à Rehau, Allemagne ; vit à Berlin, Allemagne et à Trondheim, Norvège) s’intéresse aux formes d’alliances transversales entre les savoirs, les technologies, les espèces (animales, végétales, bactériennes) et le monde matériel. Entrelaçant le documentaire et la fiction, elle met en relief la capacité de ces alliances d’informer divers modes de pensée et de conscience. Tentaculaire, sa pratique emploie un éventail de médiums – sculpture, vidéo, photographie, performance – pour explorer différentes approches du sensible, revisitant de manière critique les représentations de la réalité. Winterling s’inspire des contextes naturels et numériques pour imaginer des solidarités esthétiques et politiques entre le vivant et le non-vivant capables de répondre aux enjeux environnementaux actuels.

Né.e
Rehau, Allemagne
Pays / Nations
Allemagne / Allemagne + Norvège
Vit
Berlin, Allemagne et Trondheim, Norvège
Site Web
susannewinterling.com

Œuvres

Futurs ruisselants

Avec l’installation planetary opera in three acts, divided by the currents, Winterling nous plonge dans un univers hypnotique où tourbillonnent de curieuses créatures phosphorescentes. Bercés par une trame sonore sous-marine – bruits d’éclosion d’œufs de tortues, frottements de pinces de crabe et autres sonorités océaniques –, les dinoflagellés, des microalgues millénaires, vont et viennent sur l’écran telles des toupies lumineuses. Ces minuscules organismes, lorsque frôlés par un poisson ou caressés par la crête d’une vague, émettent de la lumière grâce à une réaction chimique : ils sont bioluminescents. Presque invisibles à l’œil nu, ils constituent une source vitale de nourriture pour nombre d’autres espèces tout en témoignant de la santé des écosystèmes marins qui les hébergent. Une efflorescence soudaine de l’algue à la surface traduit un débalancement biologique important des eaux. L’opacité prodiguée par le bouclier de plantes aquatiques n’est pas une contamination arbitraire ou nuisible, mais bien le signe d’une alliance interespèces complexe et poétique dans laquelle l’artiste nous suggère de puiser d’autres méthodologies. À la fois un renversement d’échelle et une alternative à la logique anthropocentrique, planetary opera in three acts, divided by the currents attire notre attention sur l’agentivité de la nature et ce qu’y emprunte le numérique. Les dinoflagellés, à l’instar de l’écran tactile qui s’anime sous la pression du doigt, répondent au toucher. Par l’entremise de l’une des premières formes de vie sur Terre, Winterling fait valser la science et l’imaginaire, le naturel et le synthétique, s’intéressant à leur processus de rencontre dans une perspective non binaire.