Artistes

Taloi Havini

Taloi Havini (Tribu Nakas Hakö, née à Arawa, Région autonome de Bougainville, Papouasie-Nouvelle-Guinée ; vit à Sydney, Australie) s’intéresse à l’histoire sociopolitique de Bougainville. Portant sur la détérioration environnementale de son Bougainville natal, ses recherches se déploient à travers les installations vidéographiques de la série Habitat. Sa pratique est enracinée dans les liens matrilinéaires autochtones qu’Havini entretient avec le territoire et la communauté de Bougainville. L’artiste puise son inspiration dans ses expériences personnelles, lesquelles sont marquées par les héritages continus de l’extraction coloniale des ressources et par les enjeux politiques plus vastes de l’expansion nationaliste dans la région du Pacifique. À travers des œuvres vidéo immersives, l’installation, la photographie et la sculpture, elle cherche à articuler différentes façons d’être en relation avec la nature.

Né.e
Arawa, Région autonome de Bougainville, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Pays / Nations
Tribu Nakas Hakö, Région autonome de Bougainville, Papouasie-Nouvelle-Guinée / Australie
Vit
Sydney, Australie
Site Web
taloihavini.com

Œuvres

De la terre

Le triptyque Habitat 2017 met en scène l’ancienne mine de cuivre Panguna de Bougainville. L’œuvre adopte des points de vue aériens sur la région, dévoilant des affluents rongés par les toxines résiduelles et des infrastructures émaciées, abandonnées depuis des décennies. Plus intimiste, l’œil de la caméra nous mène à la rencontre d’Agata, une femme qui prospecte de l’or dans cet écosystème dévasté. On la voit tamisant des sédiments au pied d’une paroi rocheuse striée de bleu clair, la couleur résultant du contact du sulfate de cuivre avec l’eau. Perçant à travers les étendues marécageuses, les ruines de Panguna témoignent des 17 années d’activités ayant produit, entre 1972 et 1989, plus d’un milliard de tonnes de déchets miniers. Ces résidus, un héritage toxique pour de nombreuses générations, continuent de perturber la vie des milliers de personnes qui habitent en aval des rivières dans lesquelles ils se déposent. Trente ans plus tard, la région n’a toujours pas été nettoyée. Habitat 2017 aborde les enjeux humains et écologiques liés à l’agenda extractiviste qui a façonné le paysage de Bougainville, mettant en lumière les gens et les récits éclipsés par l’ampleur des dégâts causés par la mine. Avec les activités d’orpaillage d’Agata, Havini exhibitse une pratique minière artisanale qui constitue le gagne-pain de plus de 40 millions de personnes dans le monde. L’œuvre contracte les temporalités, conjuguant au présent la mémoire des violences passées à travers les traces qu’elles ont laissées. Habitat 2017 maintient les consciences éveillées quant aux questions d’extraction et d’exploitation, mais surtout, elle souligne le courage des personnes qui, au fil du temps, osent s’y opposer.