Avec l’installation vidéo Between the Waves, Shah nous invite dans un univers peuplé de créatures singulières. Mi-terrestres, mi-marins, ces êtres empruntent aux coraux, aux hippocampes et aux licornes certaines de leurs spécificités. Ils symbolisent des manières non binaires d’exister dans le monde, les coraux se reproduisant par parthénogenèse – un mode de reproduction asexuel sans fécondation –, les hippocampes étant parmi les seules espèces animales dont le mâle porte les petits à naitre et les licornes représentant l’altérité et l’hybridité. Évoluant dans des environnements où des milliers de débris de plastique témoignent de l’activité humaine, les créatures mènent une recherche incessante d’intimité sous la forme de rituels, lesquels paraissent aussi archaïques que futuristes au milieu d’un site d’enfouissement des déchets, d’étendues marécageuses ou de plages désertes. Dans cette exploration intuitive, les gestes sont lascifs et empreints de douceur, caressant, nettoyant, enlaçant – autant de frictions réparatrices où le côtoiement des corps et des objets offre de nouvelles possibilités d’existence. Au rythme d’une respiration profonde et apaisante émerge un monde post-genre au sein duquel la bienveillance et la sensualité posent les bases d’une résistance écosexuelle, spirituelle et interespèces. Between the Waves nous propose d’imaginer d’autres façons d’entrer en relation à partir de la multitude d’essaims de vitalités qui nous entourent. À travers un enchevêtrement de références historiques et mythologiques, l’artiste aborde les rapports posthumains à partir desquels peuvent s’incarner des futurs et des intimités queers, où toutes les formes du vivant et du non-vivant sont interdépendantes.